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HABLITZIA

On parle beaucoup, depuis quelques années, de « légumes oubliés » qu’on a tort de continuer d’oublier – ou, plus exactement, qu’on a tort de continuer d’accepter que les grands semenciers internationaux réussissent encore à nous les faire oublier. Des efforts considérables ont été faits ces dernières années afin de nous restituer une partie de la variété perdue depuis plus d’un siècle d’appauvrissements variétaux fomentés par la logique du commerce et du profit. Nos potagers affichent fièrement désormais des légumes qu’on croyait disparus à jamais, et que nous découvrons avec plaisir de temps à autre. La plupart du temps, il s’agit de légumes délaissés, qui ont eu leur quart d’heure, même leur demi-heure, de gloire par le passé, et qui sont de retour; bien plus rarement, il s’agit de légumes vraiment inconnus dans nos contrées et débarquant chez nous pour la première fois. C’est le cas de l’hablitzia, ou épinard grimpant du Caucase (Hablitzia tamnoïdes).


Semance est fière, en sa première année d’existence, de participer, ensemble avec l’initiative Écosystème Nourricier Forestier de Pierre Barbieux (Rhode Saint-Genèse), à l’introduction en Belgique de ce nouveau légume vraiment extraordinaire et qui, à notre avis, a tout pour nous séduire, s’acclimater et rester bien chez nous pour des siècles et des siècles. Car c’est un légume qui cumule des atouts en tous genres: botaniques, gastronomiques, nutritionnels, même esthétiques – puisque c’est aussi une très belle plante d’ornement.


Précisons d’entrée que c’est un légume vivace, capable de vivre en moyenne une cinquantaine d’années. Ensuite, sa taille et son envergure: jusqu’à trois mètres de hauteur à sa maturité (au bout de deux ou trois ans), et une envergure d’environ 150 cm!


Troisièmement, sa généreuse productivité: une masse de feuilles qui se renouvellent aussi facilement que rapidement après chaque récolte (au fur et à mesure des besoins). Ce n’est pas tout (vous commenciez à vous en douter): sa floraison, qui est prolifique, mais relativement discrète, n’affecte nullement son épanouissement foliaire, contrairement à ce qui se passe avec l’épinard classique de chez nous, qui a la fâcheuse tendance à monter en graine trop vite et, de ce fait, à cesser de produire de belles et grandes feuilles. Pour finir, comment ne pas vous vanter son goût, son comportement à la cuisson, sa texture en bouche? Si l’on l’appelle parfois « épinard du Caucase », ce n’est pas par hasard : ses feuilles ne se contentent pas de ressembler à celles de l’épinard, elles en ont le goût et la délicatesse. Avec l’avantage de lâcher moins leur eau à la cuisson et, donc, de garder mieux leur volume à la fin de celle-ci.



Voulez-vous participer ?


Si vous voulez participer activement à l’introduction de l’hablitzia en Belgique, lancez-vous en confiance dans cette aventure, vous ne le regretterez pas! Découvrez et faites découvrir un nouveau légume plein de promesses. Le catalogue 2018 de Semance propose déjà des sachets d’hablitzia aux horticulteurs aventureux, amateurs de diversité au potager et dans l’assiette.


Pour commencer, vous devez décider si vous comptez cultiver l’hablitzia en « petit format » ou en « grand format ». En effet, il est tout à fait possible de le cultiver « serré », par groupes de trois ou quatre sujets (écartement d’un mètre dans tous les sens), en rabattant fortement et continûment ses rameaux-lianes tout le long de la saison, et en lui fournissant des tuteurs jusqu’à 2m de hauteur. Dans cette option, vous la traiterez presque comme une annuelle. Vous pouvez la traiter aussi comme sujet unique, en le laissant partir dans une croissance libre autour d’un support. Dans ce dernier cas, au bout de deux à trois ans de croissance, l’hablitzia atteindra sa taille définitive (3 m de hauteur, 1m50 d’envergure). Un solide support lui sera indispensable. L’habitzia se plaît dans des expositions légèrement ombragées. Rappelez-vous, au moment de lui destiner un lieu de séjour permanent, que l’hablitzia pourrait y demeurer plusieurs décennies.


Les semis de printemps débutent début mars. Vous prendrez soin de stratifier les minuscules semences pour mieux réussir leur germination. Placez les semences dans un bac à semis de petite taille rempli d’un terreau légèrement humide, que vous recouvrirez d’une fine couche de terreau (tamisé, de préférence). Enveloppez-le d’un film plastique et placez-le dans le frigo. Au bout d’une dizaine de jours, sortez-le du frigo et placez-le quelque part à la maison ou dans une remise, à l’abri d’une lumière trop directe. La germination peut intervenir de 10 à 30 jours plus tard. Dès la germination, ouvrez-le, légèrement au début, complètement après quelques jours, en surveillent de près le bon état d’humidité du terreau (ni trop ni trop peu). Procédez au rempotage lorsque les plantules atteignent une dizaine de centimètres, dans des godets de taille moyenne (9×9 cm), en attendant de les repiquer vers la mi-mai, lorsque les plantes atteignent déjà 20 cm et commencent à se ramifier à la base – environ 10 semaines après le semis.


Dès que les plantes atteignent une soixantaine de centimètres de longueur, vous pouvez commencer à prélever des feuilles, mais sans exagérer, surtout au début. Il faut donner à la plante la possibilité de bien s’installer et de bien se développer. De fait, la première saison de récolte en bonne et due forme n’est possible qu’à partir de la deuxième année, surtout si vous la traitez comme sujet unique. Dès le début du mois d’août, l’hablitzia produit des hampes florales aux fleurs minuscules, et aux semences encore plus minuscules. Mais c’est une « montée en graines » qui, contrairement à celle de l’épinard classique, n’affaiblit nullement la production de feuilles – encore un atout de cette plante prodigieuse! Les graines, des billes extrêmement petites et luisantes, arrivant à maturité vers la mi-septembre, doivent être récoltées avant qu’elles ne tombent spontanément. Elles sont prêtes lorsque leur couleur vire au brun-noir.


La procédure la plus simple consiste à couper les branches ou lianes portant les bouquets floraux et à les mettre à sécher quelques jours tête-bêche, dans un endroit ombragé, sec et aéré, sur une grande bassine ou sur un sac-poubelle. Après le tamisage et le nettoyage, vous ferez bonne moisson de semences. Attention, il faut se munir d’un tamis approprié, à maillage suffisamment fin, afin de réussir à séparer les minuscules semences des restes des fleurs fanées.




Jacob Hasbun


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